19 janvier 2006

Pourquoi ça ne marche pas?

Bonjour,

Les forces citoyennes qui ont pris conscience de la nécessité de s'organiser dans le pays (Togo) et dans la diaspora sont confrontées à une et une difficulté majeure: la démultiplication concurrentielle des initiatives. Il y a trop de gens qui se croient la poigne et le pouvoir de libérer et de démocratiser ce pays. Et ça ne date pas de maintenant.

L'organisation dont on parle consiste uniquement à créer les conditions pour que ceux qui entreprennent de libérer le Togo et d'y apporter la démocratie acceptent de travailler ensemble, sans nécessairement faire leur propre promotion ou celle de leur club. C'est ce qui a perdu l'opposition qui est face (ou à côté) du régime. C'est ce qui perd aussi la société civile avec les petits calculs des uns et des autres. Ce microcosme est aussi jonché d'entourloupes, croyez-moi!

L'enjeu avec le désordre qui règne sur la scène politique à Lomé, c'est de fixer les règles du jeu en commençant par séparer les bons grains de l'ivraie. Car nous Togolais avons acquis cette nature d'être extrêmement méfiants... Ceci nous pousse parfois à détruire (inconsciemment?) tout ce que font les autres, y compris ceux qui sont sur notre voie. Le sursaut doit venir des acteurs du changement, à commencer par leurs responsables.

Quand on voit ce que des oppositions arrivent à faire même en Egypte, en Syrie ou en Libye, nous Togolais devrons comprendre qu'il faut vite "briser les chaînes de la traîtrise" (hymne national) et agir plus efficacement en harmonie avec nos ambitions pour notre pays. Sinon, on restera pour longtemps encore la risée de nos frère africains et le jouet de la communauté internationale. C'est une situation qui me dégoûte...

Dany

13 janvier 2006

La pagaille de père en fils

Faure Gnassingbé continue sur les pas de son « illustre prédécesseur. Il n’y a rien de surprenant à cela. Ainsi en célébrant le 13 janvier 2006 comme les trente-neuf précédents, la famille régnante veut nous rappeler que rien n’a changé. On s’y attendait bien. Ceux qui claironnent que le fils aurait des aptitudes pour faire mieux que le pères sont servis.

C’est une sorte d’atavisme qui pousse Faure et compagnie à célébrer le 13 janvier. Tout d’abord en continuant à commémorer cette date qui est le plus grand commun diviseur des Togolais, le pouvoir actuel démontre sa piété au père. Comment oserait-on ne pas sacrifier à ce rituel auquel Eyadema tenait tant ? « Le 13 janvier est le nouvel an des RPTistes », disait un vieil ami. Ensuite c’est un élément fédérateur pour la régence qui est bâtie, on n le sait, sur des bases plutôt archaïques. Ainsi l’âge de Faure (il parait qu’il est jeune)et le fait qu’il s’affuble de quelques diplômes ne changent rien à la réalité qu’il incarne une forme de gouvernement ubuesque qui n’a d’égard pour aucune condition normative d’un Etat moderne.

Ensuite le 13 janvier est l’unique occasion pour exposer aux yeux du peuple soumis les fantasmes de l’autre pendant du pouvoir : les Forces Armées Togolaises. Plus que sous Gnassingbé père, l’armée a sous le fils de réels avantages. Faure doit aux fidèles officiers de la famille son accréditation comme héritier désigné du père. Et le 13 janvier est le moment fort au cours de l’année où cette armée (éminemment ethnique) exhibe ses attributs essentiels. Alors on verra aujourd’hui tous les corps des FAT – y compris les éléments qui ont massacré les populations en avril passé – défiler à Lomé et dans d’autres villes, armes aux poings. Les chars et les nouveaux armements acquis seront sortis pour montrer aux « ennemis de la révolution familiale » la force du pouvoir.

Enfin cette fête est une façon de dire au peuple réel qu’on n’a cure de ses revendications de mieux être et de démocratie. Qui parle de dialogue politique ? Qui ose croire à la promesse de dialogue social avec les syndicats? La vérité est celle-là, poignante : le RPT est aujourd’hui comme hier un système d’oppression foncièrement anti-démocratique. La réconciliation nationale prônée par l’Europe et le grand pardon diffusé par les collabos ne sont que de faux remèdes contre un mal dont les racines sont dans la tête de ceux qui sont assis sur le pays.
D.K.A.

06 janvier 2006

Négociations sociales?

L'intersyndicale des travailleurs du Togo tente de mobiliser tous les travailleurs togolais membres de tous les syndicats pour une grève contre la cherté de la vie et la précarité de leur situation. L'initiative en elle-même est une victoire en soi. Depuis la grève générale de 92-93, c'est la première fois que tous les syndicats, de tous les bords s'entendent pour défendre les droits des travailleurs. Toutes les grandes centrales syndicales du pays sont partie prenante à cette mobilisation. C'est la preuve que les Togolais peuvent se faire prendre au sérieux s'ils le veulent. La faim et la misère ne font pas de distinction entre travailleurs du RPT et ceux de l'opposition. Enfin ils l'ont compris. Ils ont mis entre parenthèses les divergences pour se tourner vers les autorités en place.

Le gouvernement a été obligé d'ouvrir des négociations avec les mécontents. D'accord pour les négociations sociales, d'accord pour payer quelques arrièrés de salaires! Du coup la grève a été suspendue. Faure et ses collaborateurs n'ont pas voulu risquer de subir des manifestations qui les affaibliront encore plus, alors même que leur pouvoir tangue, faute de légitimité.

Ces négociations sociales que nos syndicalistes entament démontrent en tout cas qu'il faut mettre fin aux amalgames et aux tergiversations qui font du Togo un pays d'exception. Nous avons le SMIG le plus bas de toute la CEDEAO! Même le Niger, le Mali et le Burkina, pays mal classés par les rappports sur le développement humain du PNUD payent mieux leurs travailleurs. Et dans ces pays-là, on sait faire la différence entre les affaires politiques et les droits des travailleurs. N'est-ce pas d'ailleurs le Niger (pays en crise alimentaire) qui a vaillamment inauguré les manifestations sociales contre la vie chère, en faisant trembler l'année dernière le gouvernement de Tandja? Il ne sert à rien au Togo de dissimuler les problèmes, diviser les acteurs sociaux et prétendre résoudre les problèmes. Le dialogue avec les syndicats doit se faire sur des bases saines. Nous connaissons dans toutes ces centrales (UNSIT, CSTT, CNTT, UGSL, GSA, etc) des femmes et des hommes compétents, connaissant la situation des travailleurs et capables de les défendre avec rigueur.

Pour le gouvernement RPT et collabos, ce n'est pas la peine de chercher à manipuler les syndicalistes, comme Eyadema le faisait, ou tenter de les intimider. Il est une chose normale dans un Etat sérieux que des travailleurs s'organisent et défendent leurs intérêts. Il est du devoir des dirigeants de les écouter, de discuter et trouver des solutions appropriées aux revendications. Tel est le commencement des attributs démocratiques.

Si Faure et Kodjo croient donner uniquement un gage d'ouverture dans leur quête de légitimité en accueillant la mobilisation syndicale, ils se trompent. Chaque frange de la société togolaise en crise veut se réhabiliter dignement, sans marchandage.

Dany K. Ayida