23 décembre 2010

Quand des Français adoptent de petits haïtiens

Je n'ai rien contre le principe de l'adoption. C'est d'ailleurs un formidable système inventé par les humains pour permettre à des couples qui ne peuvent pas (ou qui ne veulent pas ) concevoir ou à une personne qui en a la volonté de se trouver un enfant. Des familles françaises viennent à cette veille de Noël de s'enrichir de petits Haïtiens. Ils ont été adoptés suivant la réglementation en vigueur en France et en Haïti. Ce pays-là, vous le savez peut-être est ravagé ces derniers mois par les cataclysmes les plus graves que connaissent l'humanité: séisme, tempêtes, choléra... Mais depuis plus de 100 ans, le pays de Toussaint Louverture souffrait d'une malgouvernance récurrente.

Ce qui dans l'adoption de ces enfants me frappe, c'est la beauté de ces petits noirs dans les bras de leurs nouveaux parents français. La preuve est faite que ces Français adoptants ne sont pas des racistes. Ils aiment les Noirs et en ont cherchés pour leur donné leur patronyme. Je me demande cependant quel serait l'avenir de ces nouveaux petits français dans cette société qui au file des siècles n'a pas réussi à intégrer l'Homme noir dans ses valeurs. Ce n'est pas un secret: une personne à la peau noire est considérée avant tout au pays de Sarkozy et de Le Pen comme un étranger. Même des Antillais qui sont aussi français que le serait un Breton ne trouvent pas leur place. 

Comparée aux Etats-Unis, la France a des efforts à faire pour mériter son Histoire et sa culture. Quant à adopter de petits haïtiens, si j'étais un dirigeant du pays des Duvalier, j'exigerais que les familles françaises ayant bénéficié de ces adoptions gardent un lien avec les familles naturelles des enfants. Kouchner avait peit-être raison de faire trainer ce dossier  non?

Dany Ayida

17 décembre 2010

Côte d'Ivoire - Fin des élections truquées en Afrique?

Les événements consécutifs à la tenue du deuxième tour de l'élection présidentielle en Côte d'Ivoire le 28 Novembre ont de quoi ébranler la situation vécue les 20 dernières années sur le continent africain, s'agissant de l'organisation des élections. La mobilisation de la communauté internationale et les pressions actuellement exercées sur le régime de Laurent Gbagbo font croire, que les donnes sont en train de changer. On est tenté de soutenir cette idée, à moins que le cas ivoirien ne soit particulier.

Depuis le début des années 90 et les exigences de démocratisation ça et là proclamées sous forme de conditionnalité de l'aide ou d'autres privilèges en matière de politique internationale, on n'a jamais vu les Nations Unies et les grandes puissances mondiales s'impliquer avec autant d'ardeur. Les élections, même si elles donnaient lui à des interventions sous forme de déclarations (souvent sibyllines)  pour apprécier la crédibilité ou non d'une consultation électorale, celles-ci n'ont jamais occasionné dans un quelconque pays tant d'engagement direct, de discours dépouillés de jargons diplomatiques et de pressions si incisives pour obtenir l'effectivité du changement dicté par les urnes.

Je passe sous silence les conditions internes de déroulement de cette élection ivoirienne. De mémoire de démocrate africain, les habitants de ce continent ne se sont jamais sentis si liés au sort d'un peuple. Au lendemain du premier tour, la Côte d'Ivoire donnait l'impression d'innover, de faire émerger sur ce territoire ouest-africain, une gouvernance qui ne pourrait pas ne pas contaminer le reste du continent. On en était si fiers... Et le débat entre le président sortant et son challenger avait fini par confirmer ce qu'on savait: sur ce continent aussi, il y a des hommes politiques valeureux capables d'avoir de la hauteur dans les idées et les engagements. Ce qui est surprenant, c'est qu'il n'y avait pas que les Africains qui avaient ce sentiment. Les élections ivoiriennes étaient devenues l'affaire du monde entier. Cela n’a rien à voir avec les richesses prétendues de la Côte d’Ivoire ; parce qu’il y a des pays potentiellement plus riches dont les égarements électoraux n’avaient jamais ému autant.

La position des Nations Unies était aussi une nouveauté. Le Représentant Spécial du Secrétaire Général est un homme courageux et dévoué. Le rôle joué par l'ONUCI dans cette consultation, la position prise par le Secrétaire Général puis par le Conseil de Sécurité (après quelques tergiversations, certes) puis les déclarations des dirigeants des grandes puissances mondiales étaient inouïs. Les positions exprimées et régulièrement soutenues par Obama, Sarkozy et d'autres dirigeants sont à encourager. Le fait que la CEDEAO puis l'Union Africaine aient décidé sans ambages de reconnaitre la victoire de Ouattara a confirmé au final que l'affaire ivoirienne était l'extrême préoccupation pour tous.

Mais alors, on doit se demander s'il en sera ainsi désormais en Afrique. Parce qu'il y a toujours eu des élections truquées sur ce continent. Les cas du Kenya, du Zimbabwe, du Togo, du Nigeria, de l'Égypte, du Gabon, du Cameroun, du Tchad et d'autres encore sont encore frais dans les mémoires. En attendant le dénouement dans le pays d'Houphouët Boigny, il faut espérer qu'un renouveau dans la géopolitique prend racine en Afrique et que les élections ne seront plus nulle part un formalisme de gérance locale.

Dany K. AYIDA